Les assassins du Nouveau-Monde

Andrew Lane
Série Les premières aventures de Sherlock Holmes t.2
Flammarion
350 pages

Résumé:

"L'Angleterre s'éloignait inexorablement, et avec elle tout ce qui lui était familier. L'avenir ne lui réservait qu'incertitudes et surprises. Il devrait affronter un nouveau monde, de nouvelles coutumes, des gens inconnus. Le danger ne serait jamais loin".
Sherlock s'attire des ennuis... Le voilà embarqué sur un navire pour les Etats-Unis, cherchant à délivrer son ami Matty des mains d'assassins sans scrupules.

Mon commentaire:

Le premier tome de cette série mettant en scène Sherlock Holmes adolescent m'avait séduite. Eh bien j'ai encore plus aimé ce second roman, où l'aventure est très présente et où les péripéties s'enchaînent.

Sherlock a prit un peu plus de maturité depuis sa première aventure et il devient tranquillement le détective qu'il sera une fois adulte. Le personnage se transforme doucement sous nos yeux, grâce à la présence de son frère Mycroft, qui le soutient et le conseille. Grâce aussi à son professeur, Amyus Crowe, qui poursuit son apprentissage et l'aide à développer de nouvelles compétences, à les mettre en pratique et à questionner ses valeurs et sa pensée. Ses amis Matty et Virginia sont toujours près de lui, partageant ses aventures et risquant leurs vies avec lui, pour défendre ce en quoi ils croient.

Un complot commencé en Angleterre, un enlèvement (en l'occurrence celui de Matty, l'ami de Sherlock), de nombreux liens avec la guerre civile américaine et la guerre de Sécession poussera Amyus, qui travaille pour le gouvernement et donc en étroite collaboration avec Mycroft, à partir en Amérique. Naturellement, il ne laisse pas Sherlock derrière lui.

Sur le bateau, Sherlock fera d'incroyables rencontres. Tout d'abord il y a le comte von Zeppelin, l'inventeur du ballon dirigeable. Il aura l'occasion de recroiser cette invention pendant son voyage en Amérique. Mais c'est surtout sa rencontre avec Rufus Stone, un violoniste, qui fera, pendant la semaine de la traversée, office de professeur de musique pour Sherlock, qui ne joue d'aucun instrument. Stone souhaite devenir professeur dans le Nouveau-Monde, mais il n'a pas d'expérience, même si c'est un très bon violoniste. Sherlock est curieux et émerveillé. Stone lui offre donc des leçons gratuites. C'est la première expérience de Sherlock avec le violon et ces scènes sont très belles je trouve car elles montrent ce que deviendra Sherlock plus tard: un violoniste talentueux pour qui cet instrument représente beaucoup. Sont aussi abordés plusieurs compositeurs: Max Bruch, Henryk Wieniawski, Guiseppe Tartini et ses Trilles du diable.

Mycroft, qui surveille de près l'éducation de son petit frère prépare tranquillement son avenir. Lui et Amyus tentent d'instiller chez Sherlock un apprentissage constant, une curiosité pour ce qui l'entoure et une raison de se poser des questions sur le monde. Sherlock est un jeune homme très curieux, qui réfléchit beaucoup. Il est d'ailleurs très attachant. C'est le Sherlock Holmes que l'on connait, mais avec la candeur et la curiosité de la jeunesse. J'adore ce que l'auteur en a fait. Sherlock donc, remet souvent les choses en question et songe à plusieurs informations qu'il aimerait connaître, développer, comme le mode de la confection des vêtements ou les tatouages, deux domaines qui apportent des informations importantes sur les gens qu'il côtoie et par ricochet, sur les criminels. Sherlock se questionne aussi sur la mémoire et la possibilité de conserver uniquement certains éléments d'information, en supprimant le superflu.

La relation entre Mycroft et Sherlock est bien développée dans ce roman. Même si Sherlock part loin de son frère assez rapidement, on ressent toute l'affection que les deux frères se portent. Alors que Sherlock s'apprête à monter à bord du bateau pour l'Amérique, Mycroft lui offre un exemple de La république de Platon. Sherlock doit d'abord traduire le texte du grec avant de le comprendre. C'est un texte sur la justice et on y perçoit toute la symbolique de ce choix de lecture. C'est dans La république que l'on retrouve L'allégorie de la caverne, un texte intéressant sur l'acquisition et la transmission de la connaissance. Bref ce choix de cadeau de départ qu'offre Mycroft à son petit frère est chargé de sens. Il pousse Sherlock à se poser certaines questions philosophiques sur la religion, les lois, la mort et le fait de tuer un autre homme. C'est ce qui est intéressant dans cette série jeunesse, l'auteur ne se contente pas de n'offrir qu'un roman 'd'aventures'. Il y a énormément d'informations historiques ou racontant ce que Sherlock apprend: ses lectures, son apprentissage de la musique, de nombreuses références à des auteurs, des musiciens ou des portions importantes de l'histoire et de la vie à cette époque.

Un deuxième tome qui tient les promesses du premier, qui poursuit l'apprentissage de celui qui deviendra le plus grand détective de la littérature policière: Sherlock Holmes. Ce roman a l'avantage d'être plaisant à lire même pour un adulte, en plus d'être bien écrit et de nous offrir une facette du personnage qui me plait particulièrement. Celui d'un jeune homme qui découvre le monde, l'amitié, et qui forge peu à peu ses valeurs et son caractère. L'histoire n'est pas dépourvue d'aventure et de rebondissement, ce qui n'est pas pour nous déplaire!

Une excellente lecture! Vivement la suite!

Quelques extraits:

"Pour la première fois, Sherlock comprit que la déduction logique ne permettait pas de résoudre tous les problèmes, et qu'elle ne produisait que rarement une réponse unique." p.112

"Le danger est partout. On peut l'ignorer, ou bien s'envelopper dans des couvertures pour éviter de se blesser, ou encore y faire face en étant prêt à le braver. Si l'on choisit la première option, on est pris par surprise; la deuxième, on passe sa vie dans l'ombre à fermer les yeux sur le monde. La seule attitude qui ait un sens, logiquement, est la troisième. Plus on prend l'habitude du danger, mieux on est préparés à l'affronter." p.138

"L'aventure est partout, pourvu qu'on sache regarder." p.160

"Quand tu es face à deux choix dont aucun ne te plait, invente-en un troisième." p.306